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 Des médias manipulés ?

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Olivier

Olivier


Nombre de messages : 442
Date d'inscription : 27/09/2007

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MessageSujet: Des médias manipulés ?   Des médias manipulés ? Icon_minitimeJeu 27 Sep - 20:31

Par Jean Quatremer

Comme je vous l’ai raconté, la réunion de l’Eurogroupe, lundi dernier, ne s’est pas passé exactement comme Nicolas Sarkozy a cherché à le faire croire lors de sa conférence de presse. Le chef de l’Etat n’a pas hésité à affirmer qu’il avait réussi à convaincre les douze ministres des finances de la zone euro que le report de deux ans, de 2010 à 2012, du retour à l’équilibre des comptes publics n’était pas très grave et qu’ils lui faisaient confiance pour redresser la barre. Surtout, après les déclarations guerrières de ses partenaires, y compris juste avant la réunion, il a donné l’impression que les douze ministres des finances de la zone euro n’avaient pas osé lui faire la moindre remontrance en face-à-face. Bref, tout se serait plutôt bien passé. Cette « victoire » autoproclamée a été répercutée par les agences de presse et une partie des médias hexagonaux, lundi soir et mardi matin, sur le thème : « Sarkozy convainc ses partenaires de l’Eurogroupe » (Les Echos) ou « réussit son examen de passage » (La Tribune). Est-ce à dire qu’ils ont été complices d’une manipulation de l’information ou qu'ils sont complaisants, comme certains d’entre vous l’ont écrit ? Evidemment pas. Décryptage.

Pour bien préciser les choses, je n’étais pas présent à l’Eurogroupe : j’étais à Strasbourg où se déroulait la session plénière du Parlement européen. La conférence de presse a été suivie par une autre journaliste de Libération . Mais, afin que mes chers collègues ne s’imaginent pas que je veuille leur donner des leçons (on est susceptible dans ce métier), je tiens à dire que j’aurais sans doute écrit exactement la même chose qu’eux avec les informations disponibles au moment de mon bouclage. Donc, chers collègues, il ne s’agit que d’expliquer aux lecteurs comment se fabrique l’information, comme je l'ai fait lors du Conseil européen de Lathi d'octobre 2006 quelques jours plus tard.

Il faut savoir que, traditionnellement, l’Eurogroupe se réunit le lundi soir, la veille du Conseil des ministres des finances (Ecofin) qui regroupe les vingt-sept pays. Le « timing » est donc désastreux pour les médias. L’édition de 20 heures des journaux télévisés n’a généralement rien à se mettre sous la dent et c’est souvent aussi le cas des éditions de la nuit. Pour la presse écrite, c’est encore pire : en règle générale, la conférence de presse finale a lieu après l’heure de bouclage, ce qui interdit d’en rendre compte dans les journaux du mardi. Et mercredi, l’information est trop ancienne, chassée par d’autres nouvelles. Seul Le Monde, qui paraît en région parisienne le mardi après-midi, peut régulièrement rendre compte des travaux de l’Eurogroupe qui plus est avec le recul suffisant.

Pour cette réunion exceptionnelle, à laquelle participait pour la première fois un chef d’Etat, l’ordonnancement a certes été quelque peu bousculé. Le Président de la République n’a pas attendu la fin de la réunion pour tenir sa conférence de presse : il s’est adressé aux journalistes en compagnie de Jean-Claude Juncker, le président de l’Eurogroupe et Premier ministre du Luxembourg, de 20h15 à 21 heures. Petit détail qui a son importance : le commissaire chargé des affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia n’était pas présent puisqu’il ne s’agissait pas de la conférence de presse finale, même si sa présence a d’abord été annoncée avant d’être annulé.

Pendant que les deux hommes tenaient leur conférence de presse, les autres délégations étaient donc toujours en réunion. C’est primordial : la seule source d’informations des journalistes au moment où ils ont rédigé leur papier était les propos de Sarkozy et de Juncker. Vu l’heure tardive, ils n’ont eu qu’une heure pour rédiger leur article, sans possibilité de croiser l’information. Sarkozy, au moment où il s’exprimait, était bien conscient de ce fait. Il en a donc rajouté dans la description de sa « victoire ». Le problème est que Jean-Claude Juncker a sérieusement brouillé la communication de l’Eurogroupe en en rajoutant dans les compliments à l’égard du Président de la République. Même si sur le fond, il a clairement dit ce qui s’était passé, à savoir que l’Eurogroupe n’avait rien cédé à Sarkozy, les grandes démonstrations d’affection entre les deux hommes ont donné l’impression, inexacte, que tout s’était passé au mieux pour la France.

Ainsi, il a proclamé que « ce fut une bonne réunion et, en venant à l'Eurogroupe, le Président de la République a montré son esprit européen, que j'avais d'ailleurs déjà eu l'occasion d'observer lors d'un récent rendez-vous européen à Bruxelles. Il a su démontrer à ses collègues qu'il n'avait pas tout oublié de ce qu'il avait appris du temps où il était le locataire de Bercy ! C'était une bonne réunion tant du point de vue de l'Eurogroupe que du point de vue européen tout court. Nous avons assisté ce soir à une belle leçon de gestion collective et solidaire de la monnaie unique. Je vous rappelle que le Président est jeune, travaille beaucoup et doit rentrer tôt ! » « Juncker ne nous a pas rendu service », souligne un diplomate européen un rien furibard. Cerise sur le gâteau : le Premier ministre luxembourgeois a décidé de ne pas tenir de conférence de presse finale avec Almunia, ce qui aurait peut-être permis de rectifier le tir. Il semble que Juncker ait voulu enrober –trop- sa communication afin de ne pas déplaire à Sarkozy tout en ne cédant rien sur le fond afin de tenir la ligne majoritaire au sein de l’Eurogroupe.

D’où l’importance de revenir sur les faits quelques jours plus tard. Car la réalité est tout autre : certes Sarkozy n’a rien cédé (2010 si je peux), mais ses collègues n’avaient aucun moyen juridique de l’y contraindre. Jusqu’à 3% de déficit, aucune sanction n’est prévue par le Pacte de stabilité. Pour autant, les ministres des finances ne s’en sont pas laissé compter et ont dit son fait au chef de l’Etat qui saura désormais qu’il n’est pas le Président de l’Union… En tous les cas, chapeau à Nicolas Sarkozy qui a une nouvelle fois démontré qu’en matière de « spin », il n’avait rien à envier à Tony Blair, son « ami ». Car le bruit médiatique n’a retenu qu’une chose : son discours autosatisfait.

D'après l'excellent Blog de Jean Quatremer sur l'actualité européenne en direct de Bruxelles http://bruxelles.blogs.liberation.fr
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