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| La photo officielle de Sarko | |
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Olivier
Nombre de messages : 442 Date d'inscription : 27/09/2007
| Sujet: La photo officielle de Sarko Lun 22 Oct - 1:51 | |
| 1 - Les photos officielles Tous les présidents de la république française, sans exception, ont posé pour la photo officielle. On imagine très bien que la symbolique de cette image ait pu évoluer au fil des décennies. Du simple portrait de souverain, dans la lignée directe des peintures de rois, en passant par la symbole de l'État dans les lieux publics, jusqu'à la démocratisation de la photographie et de la télévision qui n'a laissé à cette photographie qu'un vague statut d'objet souvenir. Pourtant, aujourd'hui, la photographie officielle du président de la république habille toujours les murs des mairies et plus largement, de tous les lieux sensés représenter l'État (commissariat, ambassades, etc.). Elle joue un peu le rôle d'un faire part d'élection : « Monsieur Jacques Chirac, ancien chef d'État, et Monsieur Jean-Louis Debré, président du Conseil constitutionnel, ont l'honneur de vous faire part de l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la république ». Toujours est-il que ça ne doit pas être facile, lorsqu'on est maire d'extrême gauche d’exercer avec la photo de Nicolas Sarkozy dans le bureau ;-) Sur l'historique des photographies officielles, je vous suggère une visite sur Déménageons l'Élysée dont l'auteur s’est déjà acquité de l'exercice. La série de photos présentée ci-dessous met en évidence un manque d'originalité certain : sur 22 photos officielles, 17 sont cadrées à mi-cuisse en 3/4 face, c'est-à-dire la même pose que Nicolas Sarkozy en 2007. Pire : 15 présidents sont moustachus ! Ci-dessous, pour gagner du temps, j'ai honteusement pompé les bandes d’images de Déménageons l'Élysée pour pouvoir les remonter plus rapidement : 2 - Pourquoi Philippe Warrin ? Philippe Warrin est l'auteur de la photo présidentielle 2007. Il est photographe à l'agence de presse Sipa, il a 44 ans et a une vingtaine d'année d'expérience photographique derrière lui, principalement dans le monde du spectacle et de la télévision. Vous pouvez voir son portfolio en ligne ici. Phillipe Warrin a tout d'abord rencontré Cécilia Sarkozy, il y a 3 ans pour une série de photos destinée au magazine Questions de femmes. Les photos ont plu à la belle et c'est ainsi que Warrin a pu se rapprocher du futur couple présidentiel en les suivant notamment lors de déplacement à New York ou au Maroc. Il a réalisé la photo de l’affiche de campagne de Nicolas Sarkozy et a suivi le candidat lors des grandes occasions de la campagne. Il était notamment le seul photographe présent (il me semble ?) au Fouquet’s, pour Paris-Match, le soir du second tour. Rappelons au passage que le propriétaire de Match, Arnaud Lagardère est un proche du président et qu'il était lui aussi au Fouquet’s ce soir là. Bref, cette série de contacts et de collaborations a fait de Philippe Warrin le photographe désigné pour la photographie officielle du président. Notons pour l'anecdote que Philippe Warrin a déjà réalisé une série de photo sur Dominique Strauss-Kahn. C’est un risque, sans doute non pris en compte ou sous-évalué de la part de Nicolas Sarkozy, d'avoir choisi ce photographe pour la photo officielle. En effet, choisir un photographe de renom aurait représenté une certaine caution, non pas en terme de qualité (cf. les 3 dernières photos officielles, plutôt moyennes) mais une caution culturelle, utile pour se protéger de la critique. Parce que pour l’amateur, journaliste ou blogueur, à qualité au moins égale, il est évidemment beaucoup plus facile de critiquer le travail d'un vulgaire « photographe people » que celui d’une Bettina Rheims, c'est sûr. 3 - La conception et la production de la photographie « Le Président voulait simplement être debout dans la bibliothèque avec le drapeau français derrière lui. » Si l'on ajoute à cela le fait que Nicolas Sarkozy n'a accordé que 20 minutes (après une première décommande) à Philippe Warrin pour prendre les dizaines de clichés nécessaires à une bonne séance de poses, on comprend vite que la photographe a non seulement eu très peu de temps pour travailler et qu'en plus, il avait des contraintes de mise en scène qui imposaient un certain classicisme. Cependant, précisons que c’est Philippe Warrin qui a suggeré l'apport du drapeau européen et il assure dans cette interview de n'avoir retouché que le costume « car les manches étaient froissées »*. On peut le croire car ce n'est effectivement pas l’intérêt d'une personne qui passe les 3/4 de son temps devant les caméras, la plupart du temps non maquillée, de vouloir jouer les liftés l'espace d'une photo. D'autant que Nicolas Sarkozy n’a pas semblé y accorder une importance démesurée si l'on en juge le caractère expéditif de la prise de vue. (* Nous parlons ici de retouche « physique » du sujet et non de développement Raw ou de post-traitement des couleurs qui elles, sont très courantes, voire quasi-systématiques chez les photographes pros – nous reparlerons de ce type de retouche plus loin). 4 - Deux photos différentes Tout le monde ne l'a peut-être pas remarqué mais il y a bien deux photos qui ont circulées depuis la publication du portrait officiel. Diffusée en ligne par quelques gros sites, et de meilleure définition, la photo ci-dessous à droite, trop lumineuse, a été la plus vue sur le net dans un 1er temps. Celle de gauche a plutôt été diffusée par la télévision et la radio (rhooo, si on peut plus plaisanter ;-) puis sur le net, dans un 2e temps, lorsque quelques internautes se sont rendus compte qu'ils regardaient de la mauvaise image. Car c'est bien l’image de gauche qui est la bonne (cf. le site de l'agence Sipa pour laquelle travaille Philippe Warrin). Deux images à la chromie et au cadrage totalement différents. J’ai opéré une superposition pour montrer la différence de cadrage sur la partie droite de l'image. Alors pourquoi la version « lumineuse » (appelons-là « version Jesus-Christ ») a t-elle circulée ? Mystère. Étant moi même graphiste et ayant parfois travaillé pour la presse, j'ai une hypothèse : je pense que la version Jesus-Christ a été sujette à une modification colorimétrique pour adapter l'image à une impression sur papier journal (très courant en « photogravure », surtout sur ce type de papier non-couché). Idem pour le rognage à droite qui aurait permis de faire renter l’image dans un colonage précis. Et cette version « pour impression » aurait été diffusée par erreur sur le net par un quotidien en ligne. S'en est suivi le jeu habituel des blogueurs, moi en premier, qui sont venus piquer l'image, parce qu'elle était de plus grande taille que les autres, et l'ont diffusée à leur tour sans se douter qu'elle avait été retouchée. C'est juste mon hypothèse de graphiste, je ne connais pas les faits. En tous cas, cette confusion fut relativement gênante, j'en ai moi même témoigné « en temps réel » dès le mercredi matin dans le précédent billet. 5 - Les commentaires sur l'image Sur les divers blogs et sites ou la photo a été analysée ou présentée, les commentaires des lecteurs sont presque tous négatifs. Pourtant, le petit sondage que j'ai réalisé ici même nous montre que 4 personnes sur 10 apprécient cette image (60 % non - 40 % oui avec près de 70 réponses au moment ou j'écris). Mieux, un sondage express du Figaro (plus de 14 000 participants) indique 53 % de taux de satisfaction (précisons néanmoins pour les plus jeunes que le le Figaro est un journal dont le lectorat penche à droite – cela ne devrait avoir avec aucun rapport avec la qualité d'une photo mais on commence malheureusement à bien connaître les travers du e-partisanisme…). Bref, disons que les avis sont partagés et que les vagues de remarques négatives laissées par les commentateurs de blogs ne sont pas représentatives de l'opinion publique, une fois de plus. Quel que soit le sujet, on commente beaucoup plus souvent pour critiquer que pour défendre, ce n’est pas un scoop. Je me suis amusé à décortiquer ces commentaires et à ressortir les principales critiques : – le livre en arrière plan ajoute une oreille au président ; – le physique de Nicolas Sarkozy (« gros, mal habillé, moche » etc.) ; – son air crispé sur la photo (?) ; – le cadrage qui souligne sa petite taille ; – le mythe d’un Nicolas Sarkozy sous-cultivé qui ose poser dans une bibliothèque ; – les drapeaux font pro-américain. Sauf en ce qui concerne le livre situé en arrière plan (nous en reparlerons plus en détail), cette synthèse met en évidence le fait qu’à travers la critique de l'image, c'est le président lui-même qui est critiqué, notamment sur son apparence. Qu'en déduire ? Pas grand chose si ce n'est que les anti-sarkozystes (et les râleurs en général) sont majoritaires chez les commentateurs de blogs. Ils ne sont pas majoritaires chez les français, chez les blogueurs, chez les lecteurs passifs, mais ils le sont assurément chez les commentateurs de blogs. Cette tendance n'est d'ailleurs pas une nouveauté : depuis des mois, n’importe quel billet évoquant de près ou de loin Nicolas Sarkozy est régulièrement assené d'une grosse majorité de commentaires négatifs. Pour rire, on peut aussi s’amuser à comparer les commentaires laissés par les lecteurs de la Boîte à images sur la superbe photo de l'affiche de campagne de la Joconde Ségolène Royal et ceux laissés sur l'immonde photo officielle du nabot Nicolas Sarkozy. Comme quoi notre sens critique nous joue parfois de vilains tours, surtout lorsque les e-militants s’en mêlent ;-) Mais reparlons de photo… | |
| | | Olivier
Nombre de messages : 442 Date d'inscription : 27/09/2007
| Sujet: Re: La photo officielle de Sarko Lun 22 Oct - 1:51 | |
| 6 - La photographie Description des éléments Deux sujets et un fond. Les deux sujets sont les drapeaux (qui forment un ensemble homogène) et le président. Les deux occupent l’image avec la même force. Le président parce qu'il est au centre ; les drapeaux parce que leurs couleurs se détachent le plus de la photo. Le fond est une bibliothèque, à la forme ovale. C'est Charles De Gaulle qui a le premier posé à cet endroit en 1959. Notons que l’apparition du drapeau français dans la photo officielle n'est pas une première : on l’a trouvé pour la 1re fois et en bonne place, avec la photo de Valery Giscard d'Estaing en 1974 et… avec celle de Jacques Chirac. Et oui, regardez bien : un drapeau français est déployé sur le toit de l'Élysée en arrière plan, juste à la hauteur de la tête du corrézien. L’expression du président La posture est figée, droite, et l'expression du personnage est assez neutre. On sent un lointain sourire, très discret. À ce sujet, notons qu’à l'instar de Nicolas Sarkozy, aucun président de la république n'a jamais franchement souri sur sa photo officielle. Quelques sourires pincés par-ci, par-là, notamment chez les 3 derniers prédécesseurs du président, mais la gravité semble de rigueur dans cet exercice. Le cadrage Il est large en hauteur. Contrairement à ces ainées, cette image laisse beaucoup de place au décor, surtout dans sa partie haute. Ce sont les drapeaux qui imposent ce cadrage et de ce point de vue, on peut dire que c'est assez bien fait puisque ces derniers ne sont coupés ni trop court, ni trop long, juste assez pour qu'on reconnaisse des drapeaux et pour les mettre correctement en valeur. Ce sont donc les drapeaux qui ont défini la hauteur du cadrage et non le président, qui a dû subir la taille de cet élément. Par conséquent, je pense qu’il aurait été tout à fait possible de garder les mêmes intentions tout en adoptant un cadre plus serré. Pour cela il aurait tout simplement fallu utiliser des drapeaux… plus petits ! Non, ne riez pas, j’ai fait l'expérience ci dessous, en réduisant les drapeaux sous Photoshop : Sur la photo de droite, les drapeaux sont cadrés exactement de la même manière en tête et en pied que sur la photo officielle mais leur rétrécissement permet de gagner de la place en hauteur et ainsi de resserrer le cadre aussi sur la largeur. Ainsi le président occupe plus d'espace sur l'image. Est-ce une meilleure photo ? pas sûr, à débattre. Et puis peut-être que cela a été tenté dans d'autres clichés (une quarantaine on été pris par Warrin durant les 20 minutes de prise de vue), peut-être pas. Peut-être cette composition là, avec cette taille de drapeaux là, avait été réfléchie et prévue avant la prise de vue… ou peut être a t-elle été improvisée, et donc subie par les éléments de composition, au dernier moment « ah merde, ils sont hauts ces drapeaux ! et si on les coupe en hauteur, on ne les reconnaitra plus… allez hop, on cadre large »… Je ne sais pas. Je pense que cela n'a pas été maitrisé, mais rien ne me permet de l'affirmer car je n'ai pas vu les autres clichés. Au-delà de ce rapport de taille drapeaux/personnage, le président est coupé au niveau des cuisses, sous la main. C'est le cadrage de jambe le plus courant dans les photos officielles de président. De l’espace est laissé à la droite du président, pour décentrer les deux éléments et éviter une composition trop symétrique (cet espace est donc relatif à l'espace laissé au-dessus du président). Classique – même si pour les autres photos, l'espace était plutôt laissé devant les présidents. Encore une fois, ce sont les drapeaux, placés devant Nicolas Sarkozy, qui ont modifiés la donne. L’éclairage Il est tamisé, l'ambiance est feutrée, typiquement dans l'esprit des bibliothèque anciennes, tel que perçu dans l'esprit collectif. Même s’il est clairement artificiel, l'éclairage se veut relativement proche de la luminosité naturelle de la pièce avec cependant une variante de taille : la lumière est concentrée sur le centre de l'image, fermant ainsi les coins par des teintes plus sombres. En photographie, on appelle cela un effet de vignettage. C’est une retouche (je ne pense pas que cela ait été fait lors de la prise de vue, pas à ce point en tous cas) qui rappelle la photographie ancienne et qui d'un point de vue esthétique, permet d’accentuer l'effet de cadre. Le sens Les photos officielles ont longtemps été considérées comme de simples portraits statuaires, sans réelle volonté de communication propre au sujet… jusqu’à ce que Valéry Giscard d’Estaing introduise une forme de message à travers sa photo (cassure avec la tradition, modernité, oser). Depuis, nos présidents aiment glisser une petite note personnel dans leur photographie officielle : Mitterrand et ses Essais de Montaigne pour affirmer son amour des livres ; Jacques Chirac avec sa posture courbée qui nous accueille dans le jardin de l’Élysée. Avec Nicolas Sarkozy, nous avons les drapeaux. Tabou nationaliste brisé, valeurs patriotiques ressorties des tiroirs, pas de complexe : c'est le signe, le logo Sarkozy. Personnellement, je trouve assez judicieux de la part de Philippe Warrin d'avoir ajouté le drapeau européen qui tempère un peu cet aspect nationaliste pour y ajouter un nécessaire esprit d'ouverture européen. Notons que la plupart des présidents du monde posent officiellement avec leur drapeau. Ce n'est une spécificité ni française, ni américaine. Et puis nous avons des livres, symbole de culture… ou de tradition. Puisque Charles De Gaulle, Georges Pompidou et François Mitterrand avaient déjà posé dans cet endroit, la connotation historique du lieu devient à mon avis, bien plus évidente que son aspect littéraire. On se doute bien que les présidents qui ont posé ici ne passaient par leur temps à potasser les bouquins locaux. Et si le général avait posé dans la cour de l'Élysée en 1959, il y a fort à parier pour que la photo 2007 ait été prise devant la porte. Voici à mon sens les principaux vecteurs de sens décidés par Nicolas Sarkozy avant la prise de vue… le reste a été fait en 20 minutes et ne mérite sans doute pas plus de considérations cognitives que cela. Allez, pour la route, peut-être les coins sombres, que la bougie n'a pas pu éclairer correctement (ambiance nocturne en opposition à la lumière diurne des portraits de De Gaulle et de Pompidou), pour donner un esprit intime à ce regard entre un président et un citoyen, mais ça s'arrête là. La tuile Le livre situé en arrière plan, à la hauteur du visage du président. Erreur flagrante qui a parfaitement pu échapper à Philippe Warrin pendant la prise de vue mais qui n'a pas pu lui échapper après. D'autant qu'il est assez facile de supprimer en post-prod le blason doré qui forme une véritable oreille à notre président (illustration ci-dessous). Alors, pourquoi ce livre mal placé ? Sur ces 40 clichés pris lors de la séance de poses, Warrin en a présenté 5 à la famille Sarkozy, probablement avec des poses et des expressions différentes à chaque fois. À moins que ce livre se soit retrouvé au mauvais endroit sur ces 5 images, ce dont je doute fortement, le président et sa famille ont délibérément choisi de privilégier la pose et/ou l'expression idéale à la qualité de l'image… c'est dommage. La photo a été prise lundi après midi, présentée à la télévision le mardi soir et au reste de la presse le mercredi matin Encore une fois, un minimum de recul sur le choix n'aurait pas fait de mal. Ci-dessous une retouche rapide de l'image, sans le blason disgracieux (ça m'a pris 5 minutes avec photo basse def…). « Surprise », on remarque que même sans le blason doré, cette couverture de livre « à plat » continue de troubler l'image. Ce livre à vraisemblablement été placé cadré à hauteur de tête (cf. édit ci-dessous) pour mettre en valeur le visage du président, éviter qu'il ne se noie dans le graphisme formé par les rangées de livres, comme ce fut le cas pour Charles De Gaulle et Georges Pompidou. Mon hypothèse est que le visage de Nicolas Sarkozy était sensé se trouver un peu plus à gauche et ainsi cacher le blason pour ne laisser visible qu'une toute petite partie de la couverture, juste de quoi protéger le visage sans trop faire ressortir ce livre. Il est fort possible que sur cette pose, un petit mouvement involontaire du président ou du photographe ait laissé trop de place à cette couverture. Hypothèse personnelle, encore une fois, je n'y étais pas. En tous cas, j'ai fait un essai ci-dessous en décalant le livre sur la droite pour que celui-ci garde sa fonction tout en étant moins voyant. Je vous laisse juge. ÉDIT 31 mai : Domi, une lectrice de La boîte à images prouve par l’image ci-dessous que ce livre était à cette place depuis longtemps et que Philippe Warrin n’y a pas touché. Ça ne change pas grand chose à ce que j’ai écrit précédemment mais c'est un élément de plus qui marque le peu de temps laissé au photographe pour travailler. L’occasion pour moi d'ajouter une petite remarque à ce sujet, à laquelle je n’avais pas accordé trop d’importance jusqu’ici : lorsque j'ai fait l’essai de déplacer le livre derrière la tête de Sarkozy avec Photoshop, je me suis rendu compte en zoomant qu'il y avait une pièce de bois horizontale au dessus de l’ouvrage. On peut la voir sur les photos ci-dessus, surtout sur l’agrandissement de droite. Il y a fort à parier pour que cette pièce appartienne à un présentoir qui fixe le livre verticalement à cette place ; rendant difficile un remaniement improvisé pendant la rapide séance de poses. Ci-dessous, la photo trouvée par Domi, datant de 1997 : En enquêtant un peu sur le sujet, j'ai moi même trouvé une autre image datant de juillet 1989, où ce même livre est déjà présent (en haut à droite) : Édit 7 juillet : Je n'ai toujours pas d'information fiable sur le titre du livre placé derrière Nicolas Sarkozy mais ai trouvé un agrandissement. On remarque que le symbole présent sur la couverture ressemble à une couronne de lauriers avec soit un glaive, soit une croix à son centre : 7 - Mon avis Pour moi, la clef de cette image se trouve… en dehors de l'image, dans la démarche. Et sur ce point, je rejoins l'analyse d’André Gunthert reprise par Versac. Un président qui avait deux volontés de départ : poser dans la bibliothèque, avec le drapeau français. Et un photographe qui n'a eu que 20 minutes de shooting. À partir de là, on aurait pu faire 250 images et cela aurait toujours raconté la même chose : l’histoire d’un homme pressé qui a négligé une image. Dans ces conditions, contrairement à la plupart des avis exprimés, je pense que Philippe Warrin a bien travaillé. Nous sommes évidemment loin du travail d'auteurs d'illustres acteurs de l'Histoire de la photographie mais ce cliché de photographe pipeul n'a certainement rien à envier aux précédentes images de Jacques Henri Lartigue (Giscard), Gisèle Freund (Mitterrand) et Bettina Rheims (Chirac). D'ailleurs, rien ne nous dit que ces derniers ont bénéficié de meilleures conditions de travail ; ils avaient meilleures réputations, c'est déjà pas mal pour s’assurer une bonne presse. Toujours est il que nous sommes assez loin de l'image de rupture que se donnait jusqu'ici Nicolas Sarkozy. L’apparition des drapeaux comme le 2e sujet de la photo, lourde de sens, est de cette veine, mais d'un point de vue créatif, on aurait sans doute pu aller très au-delà si Philippe Warrin avait eu plus de liberté et/ou si la bibliothèque n'avait pas été imposée. On pourrait tout à fait imaginer qu’un président de la république puisse poser pour sa photographie officielle en dehors de l'Élysée et même de Paris : devant un paysage naturel, un monument ou un lieu symbolique par exemples. Pour finir, je me suis permis de synthétiser mes propositions de retouche en une seule image, la voici ci-dessous avec des drapeaux plus petit, un recadrage et une modification de l'emplacement du livre en arrière plan. Je suis allé jusqu'à reproduire l'effet de vignettage dans les coins, pour être raccord avec l’esprit d'origine. C'est évidemment plus facile à faire tranquillement depuis mon fauteuil, qu’en temps réel lors d'une séance de poses express : À gauche l'originale et à droite « la mienne » : 8 - Des liens Une interview ou Philippe Warrin raconte sa photographie. Une analyse sur le site Déménageons l'Élysée (ou j'ai notamment piqué les photos d'anciens présidents ;-) Une analyse de André Gunthert sur le blog de l’actualité de la recherche en Histoire visuelle. Une analyse d’il maestro Alain Korkos sur La boîte à images. On en parle chez fromage plus. On en parle chez PKK. On en parle chez Versac. Beaucoup de commentaires chez Embruns. Sur Mots d'images, Béat Brüsch (attention, c'est un garçon ;-) nous parle des photographies officielles des gouvernements suisses. C'est autre chose ! Sur son blog, Frédéric Rolin s’est focalisé sur le livre en arrière plan. Jean-Michel Apathie se pose des questions (plus de 400 réponses en commentaires, wow !) Intéressant article du Monde sur le sujet (beaucoup d'infos) Source : http://www.ouinon.net | |
| | | Olivier
Nombre de messages : 442 Date d'inscription : 27/09/2007
| Sujet: AUTOPSIE D'UNE PHOTO RATÉE Lun 22 Oct - 1:53 | |
| AUTOPSIE D'UNE PHOTO RATÉEPhilippe Warrin, photographe de l'agence Sipa, fut l'auteur de cette affiche de campagne : C'est également lui qui vient de réaliser la photographie officielle de Nicolas Sarkozy en costume de président. Une image mal cadrée, qu'il eût fallu couper en bas afin de dissimuler cette main gauche pendant bêtement, cette courbe disgracieuse de l'arrière du pantalon et cette position figée telle un piquet. Ajoutons à cela qu'un étêtage des drapeaux nous aurait empêché de nous souvenir que ledit président n'est pas d'une très haute stature. Bien que photographié en contre-plongée comme il sied à la tradition, les étendards l'enfoncent encore un peu plus dans le sol et l'on eût pu les abaisser, quitte à couper leurs hampes. Et ce livre en façade placé juste derrière sa tête, qui attire irrésistiblement notre regard ! Et cette coiffure quasiment rousse ! Et ce veston attaché par un seul bouton ! Et ce sourire crispé ! On est loin du chédeuvre… En situant cette photographie dans la bibliothèque de l'Élysée, Nicolas Sarkozy fait à la fois référence à celles de De Gaulle et Pompidou, mais sans la table : Photographié par Gisèle Freund, François Mitterrand siégeait lui aussi dans la bibliothèque. Un livre en main - on sait les goûts de l'homme pour la littérature et sa propension à en faire étalage - il avait délaissé le queue-de-pie et le bligne-bligne des médailles officielles : Cette sacrée bibliothèque, pour un nouveau président dont l'étendue de la culture est si souvent contestée… Jacques Chirac, lui, s'était fait portraiturer dans les jardins de l'Élysée par Bettina Rheims : Il avait eu l'intelligence de placer ses mains inoccupées dans son dos mais le décentrement excessif de sa silhouette semblait nous faire douter de la légitimité de sa présence en ces lieux. Quant à Valéry Giscard d'Estaing, il avait été le premier à rompre avec la tradition grâce à cette photo de Jacques Henri Lartigue… … que certains esprits chagrins rapprochèrent de ce type d'icône : Les gens sont méchants… Mais revenons à la photographie de notre actuel président. On a vu que la table avait été remplacée par les drapeaux et l'on peut attribuer au moins deux sens à cette substitution : 1. les livres de la bibliothèque ne sont, dans l'esprit de son propriétaire temporaire, que des livres au mètre ; des livres qui servent de papier peint, des livres qu'on n'ouvrira jamais ; pas besoin de table ni de chaise, donc ; 2. les drapeaux nous renvoient aux photographies officielles des présidents des Zétazunis : Et c'est peut-être la raison pour laquelle le drapeau européen (qui apparaît pour la première fois sur une photo officielle de président de la République française) a été disposé à la gauche du drapeau français, et non pas à droite. Car ainsi, les étoiles sur fond bleu et les bandes horizontales rappellent la bannière amerlocaine. On notera cependant que si les présidents étazuniens se font immortaliser devant leur drapeau (tout comme Giscard d'Estaing), Nicolas Sarkozy se fait photographier à côté, contre. Comme s'il y avait une opposition, un combat. Comme si son projet était d'engager une lutte contre ce que représentent ces symboles, ou bien comme s'il y avait, par définition, une incompatibilité à faire coexister sur un même plan ces trois "entités". On voit par là que le discours est trouble, fort mal maîtrisé. Et l'on voit par là également que tout ceci n'est qu'une accumulation de maladresses : un petit bonhomme mal fagoté, crispé, perdu dans l'immensité d'une bibliothèque qu'il n'a pas l'intention de consulter et planté tel un piquet contre une paire de drapeaux bien trop grands pour lui. Comme quoi ce n'était pas forcément intelligent de convoquer Philippe Warrin pour cette photographie, plus habitué à coucher sur papier glacé les starlettes des magazines qu'à immortaliser les personnages officiels : Source : http://laboiteaimages.hautetfort.com/ | |
| | | Olivier
Nombre de messages : 442 Date d'inscription : 27/09/2007
| Sujet: Le portrait du président Lun 22 Oct - 1:55 | |
| Le portrait du présidentPar André Gunthert, mercredi 23 mai 2007 à 10:15 De haut en bas et de gauche à droite: Adolphe Thiers (1871-1873), Raymond Poincaré (1913-1920), Paul Deschanel (1920-1924), Alexandre Millerand (1920-1924), Albert Lebrun (1932-1940), René Coty (1953-1959), Charles de Gaulle (1959-1969, photo: Jean-Marie Marcel), Georges Pompidou (1969-1974: photo: François Pages), Valéry Giscard d'Estaing (1974-1981, photo: Jacques-Henri Lartigue), François Mitterrand (1981-1995, photo: Gisèle Freund), Jacques Chirac (1995-2007, photo: Bettina Rheims), Nicolas Sarkozy (2007, photo: Philippe Warrin), © La Documentation française. Voir la série complète des portraits des présidents de la République sur le site de La Documentation française. Les portraits officiels des responsables politiques français s'inscrivent dans une longue tradition. Dans Le Portrait du roi (Minuit, 1981), Louis Marin analyse les pratiques de la représentation du pouvoir sous Louis XIV, dont le célèbre portrait par Rigaud fournit un modèle qui sera imité par de nombreux souverains. Le premier président de la République à adopter le portrait photographique est Adolphe Thiers en 1871, confirmant de la sorte la revendication de modernité de la IIIe République. Néanmoins, le portrait reste un attribut officiel, une représentation de la fonction plutôt que de l'individu: c'est pourquoi l'exercice de figuration s'inscrit dans un cadre strict, aux variations limitées. Il impose le port de l'habit de cérémonie, un fond neutre, une pose classique. La posture debout, de léger trois-quart, la main droite appuyée sur une pile de livres, s'installe dès l'origine comme la figure de style adéquate. Le format est en hauteur. On ne sourit pas. Celui qui va rompre avec cette série hiératique est René Coty, second président de la IVe République. Pour la première fois, un personnage vivant s'inscrit dans un cadre réel, esquisse un sourire. La photographie humaniste est passée par là. Par rapport à cette respiration, la photographie de Charles de Gaulle, proche du portrait d'Albert Lebrun, reprend strictement les canons du genre. La différence est ailleurs: dans l'arrivée de la couleur, qui représente à la fois une innovation technique, mais aussi une manière de renouer avec la lignée des portraits d'apparat en peinture. Le choix de la bibliothèque de l'Elysée, qui peut s'analyser comme une adaptation à cette nouveauté, restera le décor privilégié des présidents de la Ve. La vraie rupture arrive avec Valéry Giscard d'Estaing en 1974. Conforme à l'esprit que veut insuffler le nouveau président, le portrait chamboule audacieusement le genre, avec la complicité de Jacques-Henri Lartigue. Pour la première fois, l'opération photographique a fait l'objet d'une attention et de choix minutieux, témoignant de la revalorisation culturelle du médium. Pour la première fois, le portrait d'un chef d'Etat est commandé à un artiste de renom, consacré par le MoMA de New York. Giscard a placé la barre haut, imposant à ses successeurs de ne pas négliger l'exercice. Premier président socialiste de la Ve République, Mitterrand, qui a fait campagne sur "la force tranquille", veut rassurer. Le portrait retrouve le cadre de la bibliothèque, mais le chef de l'Etat a fait un choix emblématique: celui de Gisèle Freund, intellectuelle et femme engagée autant que portraitiste des grands écrivains des années 1930. Dépouillé des attributs les plus voyants de la fonction, Mitterrand pose à son tour en intellectuel et en écrivain, assis, les Essais de Montaigne ouverts sur les genoux. Quoique plus éloigné en apparence de ceux de ces prédécesseurs, le portrait de Chirac respecte les règles non écrites qui gouvernent désormais le genre: le choix d'un(e) photographe reconnu(e) – Bettina Rheims – et l'invention d'une variation significative, marque de la personnalité autant que du style de l'impétrant. En accord avec l'air du temps, le déplacement dans les jardins de l'Elysée est une façon habile de marquer sa différence, ainsi qu'une certaine décontraction. En choisissant le photographe du Loft et de la Star Ac', Nicolas Sarkozy rompt avec ce nouveau canon. Philippe Warrin, dont le nom était inconnu de la plupart des spécialistes jusqu'à lundi dernier, peine à s'inscrire dans la lignée prestigieuse de ses devanciers. Celui qui avait fait de la rupture le principal signe de sa campagne revient à un académisme pré-giscardien. Non sans maladresses, comme les tons chocolat et l'ambiance nocturne de la bibliothèque, ou la bizarre trouvaille des drapeaux, sortis d'on ne sait où. Les connotations "américaines" de l'image, relevées par plusieurs commentaires, proviennent en partie de la saturation chromatique et de la température de couleur chaude, très Reader's Digest, mais surtout de la forte présence des drapeaux, accessoires familiers du bureau ovale. On notera à cet égard que l'association des étoiles de la bannière européenne avec les bandes rouge et blanche du drapeau français produit une sorte de drapeau américain en puzzle, qui n'est probablement pas pour rien dans cette impression. S'agissant du portrait officiel du président de la République française, il s'agit pour le moins d'une faute de goût, sinon d'une bévue. Mais à vrai dire, tout se passe comme si ces détails n'avaient aucune importance aux yeux de l'hôte de l'Elysée. Car la vraie nouveauté du traitement de ce portrait est son caractère expéditif: un photographe choisi parce qu'on l'avait sous la main, vingt minutes de pose, des accessoires disposés sans réflexion – tout indique que cet acte symbolique a été négligé. A la différence d'une opération de communication bien menée, un portrait officiel est une obligation qui ne peut produire aucun bénéfice politique immédiat. Il agit sur un autre registre, celui de la représentation. Cette dimension n'est pas familière au nouveau président, distancé sur ce terrain par ses prédécesseurs. Pourtant, le travail de la représentation, comme l'explique Louis Marin, est consubstantiel à l'exercice du pouvoir, qui est la transformation de la force en signes. Portrait de drapeaux avec président plutôt que portrait de président avec drapeaux, la photo est ratée. Sarkozy pense probablement que c'est sans gravité. C'est faux. Maintenant qu'elle existe, cette photographie est plus forte que lui. Personne ne peut plus rien y changer. Telle est la puissance des signes du pouvoir, avec laquelle on ne plaisante pas. Maîtriser la représentation – et non seulement la com' – fait partie du travail d'un chef de l'Etat. La photo de Warrin montre que Nicolas Sarkozy ne sait pas encore manipuler les emblèmes de sa fonction. Ce faisant, il nous révèle qu'au plus secret de lui-même, il n'est pas (encore) président. Il y a des jouets qu'il ne faut pas mettre entre toutes les mains. Source : http://www.arhv.lhivic.org/index.php/2007/05/23/408-le-portrait-du-president | |
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