TROISIÈME de l’élection présidentielle avec un score inespéré – près de 7 millions de voix – François Bayrou n’est plus aujourd’hui que le président d’un petit parti, le MoDem. Trahi par ses "amis" qui sont allés à la soupe avec Sarkozy, il se retrouve presque seul à l’Assemblée nationale et doit siéger chez les non-inscrits. Les municipales de mars constituent pour lui une rude épreuve. "Le MoDem présentera des candidats dans les grandes villes de France", a déclaré hier Bayrou. Mais combien peuvent espérer l’emporter ? Pour la plupart ils feront de la figuration et devront, s’ils veulent siéger dans les conseils municipaux, choisir au second tour entre la gauche et la droite que Bayrou avait un peu vite enterrées. Le président du MoDem ne cesse d’affirmer que son parti ne sera pas une force d’appoint pour l’UMP ou le PS. Mais que peut-il être d’autre ? Déjà, Bayrou n’exclut pas une alliance dès le premier tour avec la droite à Bordeaux en soutenant Juppé, et la gauche à Dijon avec Rebsamen. A Paris, dans plusieurs arrondissements Marielle de Sarnez, bras droit de Bayrou et ses candidats seront contraints de rejoindre soit Delanoë soit Panafieu au second tour. A Lyon, un fief centriste, le président du Conseil général Michel Mercier, trésorier national de l’UDF et proche de Bayrou, est suspecté de s’allier à l’UMP Dominique Perben pour sauver son siège. Bref, les municipales risquent d’être un dangereux révélateur pour Bayrou. Ou bien, pour compter des élus il foule au pied son ni droite ni gauche, ou bien il risque un échec encore plus sévère aux législatives. Dans le premier cas, où sont la morale politique, la cohérence, la rigueur d’un homme qui donnait volontiers des leçons aux deux grands partis français ? Dans le second le MoDem risque d’être rayé de la carte municipale. Oui, pauvre Bayrou ! Robert Schneider
(le vendredi 9 novembre 2007)
par Robert Schneider, conseiller éditorial au Nouvel Observateur
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/opinions/commentaires/20071109.OBS3918/pauvre_bayrou_.html