13/12/2007
La Grande-Bretagne signe le traité de Lisbonne en catimini
Si la Pologne semble décidée à rejoindre le cœur de l’Europe à marche forcée, la Grande-Bretagne, elle, confirme jour après jour qu’elle a définitivement choisi « l’exil intérieur », comme le notait récemment l’Economist : elle reste dans l’Union, comme incapable de se décider à la quitter une bonne fois pour toutes, mais se marginalise chaque jour davantage en multipliant des dérogations (opting out) qui n’ont 20071019_lisboa_02 aucun autre effet que de réduire son influence politique. Symboliquement, Gordon Brown, le Premier ministre britannique, a boycotté aujourd’hui la cérémonie de signature du traité de Lisbonne, laissant son ministre des affaires étrangères, David Miliband, manier le stylo en ses lieux et places.
Gordon Brown (photo Thierry Monasse), toute honte bue, a, en effet, prétexté un « problème d’agenda » pour arriver après la signature. Il déjeunera donc avec ses partenaires et c’est seulement ensuite qu’il signera discrètement le nouveau traité. Il faut noter que ses vingt-six partenaires, chefs d’État, Premiers ministres et ministres des Affaires étrangères ont tous pu, eux, se libérer. Brown a-t-il voulu ainsi souligner qu’il était un chef de gouvernement débordé à la différence de ces fainéants de continentaux ? Sans doute pas : il s’agissait surtout d’éviter de se montrer en compagnie de ses pairs en train de signer un nouveau traité européen, une photo qui aurait fait la une des tabloïds antieuropéens. Brown vient d’inventer la signature honteuse. C’est ce qu’on appelle du courage politique. Le bénéfice intérieur de ce pas de deux n'est pas garanti : l'opposition conservatrice et eurosceptique a déjà dénoncé le manque de "tripes" de Brown qui n'a pas osé aller jusqu'au bout de son geste.
http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2007/12/la-grande-breta.html