«Paris-Match» ménage Sarkozy
Très attendu, le dernier numéro de Paris-Match en a surpris plus d'un. La liaison de Nicolas Sarkozy avec Carla Bruni passe au second plan, bien après le «reportage exclusif dans l'intimité du président», un reportage photo de 16 pages qui n'évoque à aucun moment l'ancien mannequin
Le traitement médiatique de la «love affair» de Nicolas Sarkozy suscite des polémiques dans les médias français. Des journalistes de l'hebdomadaire évoquent des pressions de la part de l'Elysée
La parution du dernier numéro de Paris-Match, hier, a été précédée par la publication d'un communiqué de la Société des journalistes (SDJ), qui regroupe 80% des rédacteurs de l'hebdomadaire parisien. Le texte évoque l'autocensure pratiquée par le journal, en particulier dans l'évocation de la vie privée du chef de l'Etat.
Principale cible des critiques: un reportage photo de 16 pages, intitulé «Sarkozy intime», non accompagné d'un reportage texte. La rédaction de Paris-Match n'a pas pu suivre la photographe choisie par l'Elysée dans son travail. Ce qui est «contraire à la tradition», déplore le communiqué, qui rappelle que «quel que soit le sujet, Paris-Match doit associer au choc des photos, le poids des mots».
Les rédacteurs s'insurgent également contre le recrutement annoncé d'Anne Fulda, journaliste au Figaro et ancienne compagne de Nicolas Sarkozy, dans un contexte où «des membres de la rédaction sont invités à partir dans le cadre d'un plan (...) visant à réduire la masse salariale». Et le communiqué de conclure: «Ce recrutement «imposé» ne semble pas s'imposer.»
Article passé à la trappe
Le site Bakchich. info a par ailleurs révélé que Paris- Match s'était autocensuré dans le traitement de la «love affair» du chef de l'Etat avec Carla Bruni. Un article qui détaillait l'abondant tableau de chasse sentimental de l'ex-mannequin aurait ainsi été refusé afin de ne pas écorner l'image de la nouvelle compagne du président.
Une prudence qui n'a rien de surprenant, affirme Pierre Haski, rédacteur en chef du site Rue89. Le journaliste rappelle que la rédaction de Paris-Match est encore traumatisée par le renvoi en 2006 d'Alain Genestar, qui avait publié des photos de Cécilia Sarkozy avec son amant, Richard Attias. C'est Arnaud Lagardère, propriétaire du magazine et ami intime de Nicolas Sarkozy, qui avait pris la décision de licencier Alain Genestar. A la demande de son ami Sarkozy? C'est ce qu'avaient affirmé les collègues du rédacteur en chef limogé.
Nicolas Sarkozy a toujours affirmé n'avoir jamais exercé la moindre pression sur les médias français. Mais ses relations étroites avec les grands patrons de presse font plus que jamais planer le doute sur l'existence de telles pressions. Même si certains assurent qu'il n'y a ni censure ni autocensure. «Nous n'avons reçu aucune consigne», a affirmé ainsi Patrick Poivre d'Arvor, présentateur du journal de 20 heures sur TF1, qui a invoqué le «respect de la vie privée» pour expliquer son choix de ne pas parler de la relation entre Nicolas Sarkozy et Carla Bruni.
Le magazine «Closer» condamné
La menace du procès peut également expliquer la prudence de certaines rédactions. Car propager des rumeurs peut coûter très cher. La société italienne Mondadori, qui édite le magazine Closer, a ainsi été condamnée hier à verser 20 000 francs de dommages et intérêts à la journaliste Laurence Ferrari pour avoir fait état de rumeurs lui prêtant une relation avec le président de la République.
Sous le titre «La folle rumeur...», le journal people avait évoqué sur deux pages, au début du mois de décembre dernier, les bruits qui couraient dans la presse étrangère sur une possible «love affair» entre Laurence Ferrari et le premier des Français».
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