Reuters - Vendredi 14 septembre
SEIGNOSSE-LE-PENON, Landes (Reuters) - "Indépendant et constructif". C'est ainsi que François Bayrou définit le "projet démocrate pour la France" qu'il souhaite élaborer avec ses militants réunis en forum dans les Landes.
"Notre vocation est (...) d'être le courant indépendant de la vie politique française, le courant libre, qui prépare l'avenir et ne refuse jamais d'être constructif et positif", a déclaré vendredi le président de l'UDF-Mouvement démocrate (MoDem) devant un millier de personnes réunies dans la cité balnéaire landaise de Seignosse-le-Penon.
"Indépendant et constructif sont les deux adjectifs qui vont nous caractériser dans les mois qui viennent", a-t-il martelé.
Bronzé, chemise blanche ouverte, François Bayrou a prôné la création d'"un mouvement central qui a son identité, projeté vers l'avenir", citant en exemple les partis démocrates italien, américain, japonais, et le parti du Congrès en Inde.
L'ancien candidat à l'élection présidentielle s'exprimait sur une scène orange, couleur fétiche de sa campagne, aux côtés de quelques fidèles : les députés européens Jean-Marie Cavada et Marielle de Sarnez, l'écologiste Corinne Lepage, notamment.
Les participants au Forum, qui dure jusqu'à dimanche, sont invités à adopter la "Charte des valeurs" et la "Charte éthique" du MoDem, qui tiendra son congrès fondateur fin novembre.
Le parti s'y engage à être "indépendant de toutes les puissances d'influence, économique, politique ou médiatique". Ses adhérents "assument le débat interne et considèrent le dénigrement externe comme incompatible avec leur engagement".
La construction européenne, le développement de la social-économie, le pluralisme ou encore la laïcité y ont élevés au rang de valeurs communes les plus importantes.
Au "ni droite ni gauche", François Bayrou dit préférer un courant bâti sur "un projet, des valeurs et un idéal".
"Le 'ni-ni' m'a toujours frustré. Je ne crois pas qu'on se définit négativement, on se définit positivement", a-t-il dit à quelques journalistes après son discours. "On pourra se dire 'je suis démocrate', comme on disait 'je suis socialiste' ou 'je suis conservateur'".
"PAS DE GUÉRILLA PERMANENTE"
Le "troisième homme" de la présidentielle, qui a remporté 18,6% des voix le 22 avril mais n'a fait élire que quatre députés sous la bannière du MoDem aux législatives, revendique 45.000 nouveaux adhérents depuis le printemps.
Des militants parfois recrutés dans le camp des abstentionnistes et qui pour nombre d'entre eux "n'auraient jamais adhéré à l'UDF", a-t-il souligné.
A l'heure où la question des alliances commence à se poser dans la perspective des élections municipales, François Bayrou a rejeté d'emblée le projet "archaïque" du Parti socialiste.
"Le socialisme n'est pas un idéal pour le XXIe siècle", a-t-il estimé. "Si les socialistes ne sont plus socialistes, ce jour-là il y aura du mouvement, mais on n'en est pas là..."
Avec Nicolas Sarkozy, dont il reconnaît la "vaillance" mais désapprouve "le paquet fiscal", la "fascination pour l'argent" et le souhait de se "réaligner sur les Etats-Unis", François Bayrou veut être dans "un état d'esprit constructif".
"Il n'y a aucune raison d'être en guérilla permanente" mais "je n'ai pas l'intention d'être récupéré sous quelque forme que ce soit", a-t-il dit sous les applaudissements de la salle.
Devant la presse, François Bayrou est revenu sur son entretien de jeudi matin avec le chef de l'Etat à l'Elysée.
"Il y aura des rendez-vous fréquents", a-t-il confié. "Nous nous connaissons depuis longtemps et n'avons jamais considéré ni l'un ni l'autre que ce que disait l'autre était négligeable."
Dans son souci de "parler avec tout le monde", il a dit son intention de rencontrer, dès la rentrée parlementaire, le Premier secrétaire du PS François Hollande pour parler institutions. Le député béarnais, qui a été récemment auditionné par la commission Balladur créée sur ce thème, prône une loi électorale "plus juste" via l'introduction d'une dose de proportionnelle aux législatives.
Quatre mois après la scission de son camp, François Bayrou a par ailleurs qualifié de "forfaiture" et "d'inconstitutionnelle" la proposition du Nouveau centre (le parti créé par ses anciens alliés UDF ayant rallié Nicolas Sarkozy) de réformer le système de financement politique.
Il a jugé "inacceptable" de changer les règles au bénéfice de certains, qui ne sont pas les plus méritants..."