Reuters - Dimanche 16 septembre
SEIGNOSSE-LE-PENON, Landes (Reuters) - François Bayrou a posé ce week-end les fondations de son Mouvement démocrate lors d'un forum dans les Landes, où il a réactivé les mots d'ordre de sa campagne présidentielle: rassemblement, indépendance, résistance et valeurs.
Malgré les déconvenues des législatives, qui ont provoqué la migration de nombre de ses amis vers Nicolas Sarkozy, le député béarnais est apparu combatif et persuadé de la capacité du MoDem à rassembler en vue des prochaines échéances électorales, à commencer par les municipales de mars.
Même s'il dit croire davantage aux "visages nouveaux" qu'aux chiffres, François Bayrou a fixé comme objectif de faire passer le nombre de nouveaux adhérents au MoDem de 45.000 aujourd'hui à 100.000 dans 18 mois.
"Soyez fiers de ce que vous êtes et de ce que vous avez été, et même de vos hésitations si vous en avez connu. Ne reniez rien", a-t-il lancé lors de son discours de clôture dans la salle des fêtes de Seignosse-le-Penon, au bord de l'océan.
"Vous n'entrez pas dans cette maison contre ce que vous avez cru, mais avec ce que vous avez cru", a-t-il ajouté à l'adresse d'environ 2.000 militants venus de tous horizons, dont une bonne partie n'avait jamais adhéré à un parti.
Retrouvant les accents de sa campagne électorale, qui s'est terminée sur un score de 18,6% des voix au premier tour, François Bayrou a dénoncé les "deux impasses" que sont selon lui le Parti socialiste et l'UMP.
"Ce n'était pas du 'ni-ni', j'ai toujours détesté cette expression. Ce n'était pas le 'moitié-moitié' (mais) une voie originale. C'est du positif que nous faisons", a-t-il estimé.
L'ancien ministre dit ne pas se retrouver pas non plus dans le "centre" qui revient selon lui "à se définir par rapport à la droite et par rapport à la gauche. Et nous, nous sommes démocrates", a-t-il dit. "Ce sont les valeurs qui font le ciment d'une action politique".
ALLIANCES AUX MUNICIPALES?
Pour illustrer cette indépendance de ton, François Bayrou a décoché des flèches acérées à Nicolas Sarkozy, dont il a dénoncé "l'absolutisme" et les "signes" envoyés "au monde de l'argent, au CAC 40, aux milliardaires, à l'univers du Fouquet's", le bar parisien où le chef de l'Etat avait fêté sa victoire au soir du 6 mai.
Aux fondateurs du Nouveau centre, créé à l'initiative du ministre de la Défense Hervé Morin avec des élus UDF ralliés à Nicolas Sarkozy, François Bayrou a reproché d'avoir succombé aux "tentations naïves de quelques hochets".
"C'est pitié que de voir ainsi la faiblesse de caractère s'habiller du manteau de l'action pour se retrouver du coté du manche", a-t-il lancé.
Partisan de "l'autonomie" pour les municipales, François Bayrou n'a pas exclu la possibilité d'alliances avec des gens de droite ou de gauche à la condition que ces derniers acceptent l'idée du pluralisme. Une définition floue qui demandera à être vérifiée sur le terrain et laisse ouverte la porte à des accords locaux.
D'ici là, François Bayrou devra répondre aux inquiétudes des élus anciennement désignés sous la bannière UDF, dont certaines se sont exprimées à Seignosse.
"Des élus s'interrogent. Gare à la casse", prévenait vendredi Didier Bariani, chef de file du MoDem au conseil de Paris. "Je ne voudrais pas que par inquiétude ou par manque de repères, ils aillent dans ce radeau de la Méduse qu'est le Nouveau centre..."
"Quelle ligne politique pour le futur mouvement ?", s'interrogeait à la tribune Thierry Benoit, l'un des quatre députés MoDem élus en juin dernier.
Le parti de François Bayrou sera officiellement lancé le week-end du 25 novembre, date du congrès fondateur du Mouvement démocrate.
Avant, des groupes de travail plancheront sur la charte des valeurs et la charte éthique pré-élaborées lors des travaux du Forum démocrate.