Reuters - Samedi 15 septembre
SEIGNOSSE-LE-PENON, Landes (Reuters) - François Bayrou a jugé samedi inquiétantes et inopportunes les critiques de Nicolas Sarkozy envers la Banque centrale européenne (BCE), qui ont provoqué l'ire des autres pays de la zone euro.
"Est-ce que c'est le moment pour la France d'aller attaquer pour les affaiblir ceux qui essaient d'empêcher la crise ?", s'est interrogé le président de l'UDF-Mouvement démocrate (MoDem) en marge du Forum de son parti à Seignosse, dans les Landes.
François Bayrou voit dans cette intervention du chef de l'Etat quelque chose "d'inquiétant" et "qui, à terme, risque de fragiliser la position de ceux qui résistent à cette crise".
Le président français a renouvelé vendredi soir dans l'avion qui le ramenait de Hongrie ses critiques sur la stratégie de taux élevés de la BCE.
François Bayrou a dénoncé "cette espèce de déchaînement d'attaques" de Paris contre ses alliés européens qui "après tout, ont tous une croissance supérieure à la nôtre" et "sont tous défenseurs d'une politique qui permet à l'Europe d'avoir une situation que bien des régions du monde envient".
De l'avis de l'ancien candidat à l'élection présidentielle, "un petit groupe autour" de Nicolas Sarkozy "depuis longtemps ne supporte pas l'idée de la BCE et de son indépendance".
"Je n'ai jamais partagé les critiques contre la Banque centrale européenne parce qu'avoir une monnaie solide, c'est la seule garantie d'avoir des taux d'intérêts bas pour les investissements", a-t-il considéré.
Lors de cette discussion, rapportée par Le Monde, Nicolas Sarkozy a également tancé le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker.
Devant la presse, François Bayrou a pris la défense du Premier ministre luxembourgeois, "probablement l'homme le plus respecté dans le monde des gouvernants de l'économie européenne".
"Est-ce que vraiment on n'a pas suffisamment froissé de gens depuis quelques mois pour ajouter encore Jean-Claude Juncker, qui est quelqu'un qui mérite estime, considération, amitié, respect et solidarité ?", a lancé François Bayrou.
Pour le député béarnais, les propos de Nicolas Sarkozy sont indignes d'un président.
"Des propos comme ça en campagne électorale, même si on ne les approuve pas, on peut les comprendre (...) mais lorsqu'on est devenu président de la République française (...) il y a là un grand risque, quelque chose d'inquiétant pour le climat", a-t-il dit.